Cette année j’ai fait la connaissance de Lucile, voyageuse de passage à Montréal et lectrice de Still Vauriens, elle m’a contacté pour une rencontre. Nous nous sommes revues plusieurs fois, toujours autour de nos tricot pour de longues conversations sur la laine, le tricots et plus généralement nos façons d’aborder la vie autour de la création. Lors de l’un de nos rendez-vous elle m’interrogeait sur mes débuts et je lui racontais l’histoire de mon premier pull qui aurait aussi bien pu être le dernier. Ça l’a fait beaucoup rire et elle a regretté de ne pas pouvoir avoir sous les yeux ce mythique ouvrage originel. À l’occasion d’un séjour chez mes parents j’ai retrouvé le fameux pull et je l’ai porté à nouveau pour quelques photos. Je dédie donc cet article à Lucile* et je vais vous raconter à vous aussi, l’histoire de mon tout premier pull.
Je tricote depuis l’enfance et pendant des années je me contentais de des écharpes au point mousse et je crochetais beaucoup. Je faisais des carrés et selon la façon de les plier ça devenait une trousse, un bonnet de poupée ou un pull de Barbie! Un jour, aux alentours de mes 15 ans, il m’a pris l’envie de passer enfin aux choses sérieuses et de me tricoter UN PULL. Nous sommes donc allées chez Phildar avec ma Maman où j’ai choisi un joli modèle dans le catalogue de la saison avec la laine qui va avec.
J’étais ado et pour que je sois suffisamment motivée pour venir à bout de cet exercice de patience qu’est le tricot, il me fallait un modèle qui me fasse envie. J’ai donc délibérément choisi ce pull chaussette ultra coloré avec l’ambition de le porter rapidement, sauf que pour une première ce n’était pas forcément le meilleur choix…
1/ Le numéro d’aiguille: du 3,5 mm
À l’époque je tricotais par période et je n’étais pas super rapide mais alors avec du 3.5 ce fut un long travail d’endurance, il m’a fallu deux ans pour en venir à bout.
2/ Un motif trop compliqué
Des côtes plates et de fines rayures multicolores irrégulières, tout un programme pour une débutante! Ma mère m’a rapidement convaincu d’abandonner les côtes pour un simple point jersey et elle a eut bien raison. J’ai déjà suffisamment galéré à compter mes rangs pour chaque rayures, si j’avais dû en plus me concentrer sur des mailles à l’envers et à l’endroit, on y serait encore.
3/ Un fil infernal
Le fil suggéré avec ce modèle était subtilement nommé Bouclettes d’été et je l’ai tout de suite trouvé super cool. J’ai vite déchanté, les bouclettes c’est l’enfer! Ça brouille la vision, on voit pas les mailles, on pique dans une boucle au lieu de piquer sous le fil et je ne compte pas le nombre de mailles perdues récupérées en urgence. Le seul avantage des bouclettes c’est de cacher la misère, les défaut et petits trous passent inaperçues sous la texture moumoute.
4/ Un patron à coudre
À cette époque où Internet n’était encore pour moi qu’une rumeur, je n’avais pas vraiment eut d’autre choix que de suivre les patrons façon couture des catalogues Phildar. Pour cette étape, j’avoue humblement avoir refilé la corvée des coutures et des finitions à ma mère qui l’a entièrement terminé pour moi, encolure comprise.
5/ Un ajustement à l’arrache
Le problème des patrons cousus c’est qu’on découvre le résultat à la fin et mon pull était finalement un peu trop court. J’étais déjà tenace à l’époque et imaginative, j’ai détricoté le rang de montage de mon pull, remonté une à une les mailles sur une aiguille, puis tricoté dans l’autre sens un peu plus de côtes pour rallonger mon corps.
J’ai donc vaincu! J’ai fini mon pull et je l’ai même porté pendant quelques années. Et puis j’ai arrêté parce qu’il m’est devenu un peu juste et aussi parce que ces couleurs sont quand même un peu violentes. Je le garde tout de même dans mes cartons de souvenirs… mon premier pull tricoté, celui qui aurait pu me faire lâcher mes aiguilles pour toujours.
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Montre-nous toi aussi tes vestiges de tricot, de crochet, de couture ou de broderie… du temps où on avait pas internet pour mettre instantanément en image toutes nos réalisations. Pour que je puisse les repérer et les relayer, partage tes articles, tes souvenirs ou tes photos sur les réseaux sociaux avec le hashtag :
#souvenirsdaiguilles
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* Lucile raconte son voyage et partage ses réflexions sur le tricot sur son blog: Ateliers du fil